Né à Niagara Falls en Ontario, John Warden commence à coudre à l’âge de 10 ans. Son talent exceptionnel lui vaut de remporter deux bourses qui, conjuguées à un travail à temps partiel, lui permettent de faire ses études à la Parsons School of Design de New York. La journaliste et coordonnatrice de mode Iona Monahan, souvent de passage à New York, fait la connaissance de Warden et pousse le jeune designer à revenir au Canada. Il est embauché par le manufacturier Auckie Sanft en 1964.
Sa première collection griffée est lancée au printemps 1965. Toute la presse louange son style, aisément reconnaissable par le mariage de blanc et de crème, les lignes épurées et contemporaines.
Un manteau à double boutonnage en velours côtelé brun doré lui vaut le prix du vêtement le plus remarquable attribué par le Conseil canadien du coton.
La deuxième collection de John Warden, intitulée « Franglais », associe des lainages et des chapeaux melons anglais avec des tissus français texturés, et confirme le statut d’étoile montante du designer.
John Warden n’est pas seulement un talentueux créateur et dessinateur de vêtements, il a aussi un sens aigu de la communication et de la mise en scène. En 1965, son mariage avec sa muse Lise Gibeau démontre sa grande capacité à créer l’événement. Il organise tout, voit à ce que chaque détail porte la signature Warden. Le couple Gibeau Warden devient une inspiration pour la génération yéyé, toujours avide de modèles.
En 1966, sur la rue Crescent, John Warden ouvre sa première boutique. Dominique Michel, Denise Filiatrault, Margaret Trudeau, Mariette Lévesque, Andrée Lachapelle, Louise Marleau et d’autres figures des scènes artistique et politique portent les créations du designer. Son style jeune, empreint d’audace, lui attire rapidement la reconnaissance du public et de ses pairs, et le surnom d’« enfant terrible de la mode ».
John Warden est invité à dessiner les uniformes des hôtesses de plusieurs pavillons d’Expo 67, dont ceux de l’Industrie des pâtes et papiers du Canada, du Canadien National et de la Maison Châtelaine.
Entre 1967 et 1968, il engage 17 couturières, deux coupeuses et produit une dizaine de collections. Il crée des collections griffées pour la boutique Le Château, puis pour la boutique Elle de Madeleine Quevillon. Ses créations s’affichent aux vitrines des grands magasins, autant à Montréal qu’à Toronto. Il ouvre une nouvelle boutique sur Bishop, en 1968, cette fois exclusivement masculine, qui fermera un an plus tard. Néanmoins, ses succès défraient la chronique de mode, sa clientèle se diversifie tout autant que ses collections pour des manufacturiers canadiens, qui englobent une gamme de produits de plus en plus large, incluant des manteaux pour Hudson Cloak dès 1969 et des vêtements d’intérieur et de nuit pour Molyclaire à compter de 1973. En 1976, il signe les uniformes des Jeux olympiques de Montréal avec Marielle Fleury, Michel Robichaud et Leo Chevalier. En 1977, il crée pour son ancien mannequin Ivana Winklmayr la robe qu’elle portera à la réception lors de son mariage avec Donald Trump.
En 1980, il ouvre de nouveau une boutique sur la rue Crescent. En 1984, John Warden International dévoile son programme de licences, qui prendra de l’expansion pour inclure de multiples collections pour femme, homme et enfant pour Algo, Bagatelle, Baron Leather, Beverini, Bozart, Dupont, Croydon, Hanna, Pedigree, Cordovan, entre autres, et même Imperial Optical qui vend ses lunettes.
Warden reçoit de nombreux prix prestigieux durant sa carrière au Canada. En 1973, il obtient le tout premier prix Melcher décerné au designer canadien de l’année pour son apport « à la croissance et au dynamisme exceptionnels de l’industrie de la mode canadienne ». En 1978, lors d’un défilé en Australie mettant en vedette des designers de 18 pays, il arrive ex æquo avec Yves Saint Laurent pour le titre emphatique de designer du monde. Il reçoit en 1983 le prix du designer canadien de l’année décerné par l’American Fashion Press.
Après avoir fermé sa boutique en 1991, John Warden s’établit à Saint-Christophe, dans les Antilles. Il y lance sa nouvelle marque, Island to Island, entièrement conçue et produite sur place. En cet endroit, faire des affaires nécessite une adaptation. Les employés ne sont pas spécialisés et la pensée n’est pas axée sur la compétition et la vitesse. D’autre part, la clientèle des Caraïbes est au diapason de la mode et n’hésite pas à dépenser pour être à la page. John Warden opte donc pour un look contemporain plutôt que tendance.
Il s’inspire de son environnement, dessine des motifs évoquant des formes d’animaux et se passionne toujours pour les blancs, sa palette signature.
Il crée une seule collection par an, spécialement adaptée aux pays chauds : tissus aériens de coton et de lin, lignes pures, comme toujours, et prix abordables.
La clientèle de John Warden vient de partout pour le rencontrer à Saint-Christophe, sur Pelican Drive. Il privilégie cette atmosphère unique et connaît ses clientes personnellement. Ses collections sont offertes à sa boutique, mais sont aussi distribuées principalement dans les boutiques luxueuses des hôtels des Caraïbes. Au Québec, où il revient régulièrement voir ses proches, une clientèle lui est toujours fidèle.
En août 2006, des centaines de personnes viennent rendre hommage à John Warden lors d’un événement-bénéfice tenu chez Ogilvy à Montréal. Alors que sa santé décline, il revient à Montréal en mars 2007, à peine un mois après avoir présenté sa dernière collection Island to Island. John Warden décède le 29 juin 2007. Son fonds d’archives et de nombreux vêtements sont conservés au Musée McCord.
Sources
Dumont, Monique. «John Warden et Léo Chevalier : l’aventure couture», Elle Québec, Transcontinental média, no 35, juillet 1992, p. 52-54.
Lambert, Eleanor. «John Warden», dans World Fashion : people, places, resources, New York, R. R. Bowker, 1976, p. 192.
Date de publication
01/10/2004
Rédaction
Dicomode
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