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Dagisco

Création

1981 - 1992

Photo fournie par Dagisco

Daniel Lussier (n. à Waterloo, Québec, 1959) et Régis Thibeault (n. à Jonquière, Québec, 1958) ont fondé la marque Dagisco à Montréal en 1981. Les deux jeunes hommes se sont rencontrés lorsqu’ils étudiaient en design de mode au Collège LaSalle avant que Thibeault ne quitte l’établissement pour entreprendre une formation en confection de vêtements haute couture à l’École Cotnoir-Capponi. Après avoir obtenu son diplôme du Collège LaSalle, Lussier travaille comme créateur d’accessoires pour un fabricant de la rue Chabanel à Montréal pendant deux ans, pour ensuite renouer avec Thibeault avec lequel il fonde la marque Dagisco, un amalgame de leurs prénoms. Ils dirigent leur entreprise de mode avec une petite équipe pivot depuis un atelier situé dans l’édifice Balfour au 3575, boulevard Saint-Laurent. Il s’agit d’un travail collaboratif, Lussier s’occupant du design et dessinant les croquis, tandis que Thibeault voit aux aspects plus techniques du patronnage et de l’essayage.

 

Le duo crée des gammes de prêt-à-porter pour hommes et femmes très avant-gardistes ciblant une clientèle artistique et urbaine âgée de 25 à 45 ans. Leurs vêtements sont élégants et spectaculaires, mettant l’accent sur les silhouettes bien définies et une utilisation créative de la couleur.

À son apogée dans les années 1980, la marque Dagisco est vendue dans une soixantaine de boutiques spécialisées et de grands magasins huppés un peu partout au Canada. À la suite d’un voyage à New York en 1984, plusieurs boutiques situées dans SoHo – à l’époque un haut lieu de la mode –, de même que le légendaire et luxueux magasin Bergdorf Goodman achètent des créations Dagisco. La journaliste de la Gazette Iona Monahan parle régulièrement de Dagisco, et la marque est souvent présentée dans The New York Times et dans les magazines Québec Rock et Clin d’œil.

Photo fournie par Dagisco

Lussier et Thibeault travaillent sans relâche pour générer de la publicité et des appuis pour leur entreprise. En 1984, ils unissent leurs forces à celles de 23 autres couturiers, dont Michel Desjardins, Hoa Tchung, Ariane Carle, Hélène Cohen et Maryse Roy, pour créer l’Association des nouveaux créateurs de mode du Québec (ANCMQ). Le groupe organise des défilés de mode saisonniers afin de promouvoir le travail diversifié et créatif de designers locaux. Dagisco fait également partie des huit marques pour hommes de Québec et de Montréal – avec Dénommé Vincent, Normand Martel et François Joncas – vendues à la boutique Couturiers Québécois du magasin La Baie de la rue Sainte-Catherine.

Photo fournie par Dagisco

En plus de diriger Dagisco, Lussier, qui a toujours eu un intérêt pour le design d’intérieur, ouvre en 1984 le Shed Café, un restaurant branché situé au 3515, boulevard Saint-Laurent. Voyant le succès et la popularité du café, Francine Fontaine, une amie de Lussier, lui demande de s’associer avec elle pour ouvrir la boutique Revenge, au 3852, rue Saint-Denis. On y vend surtout des vêtements haut de gamme de créateurs québécois, incluant la ligne complète de Dagisco et des pièces de Jean-Claude Poitras, de Marie Saint Pierre et de Parachute. Revenge continuera à vendre la marque même après la décision de Lussier de rompre son partenariat avec Fontaine afin de consacrer son temps et ses ressources à la croissance de Dagisco.

Devant composer avec la concurrence de créateurs internationaux dont la marque de commerce est reconnue, la croissance du marché de l’importation et le peu de soutien du gouvernement, Dagisco a du mal à tirer son épingle du jeu. Au début des années 1990, Lussier et Thibeault tentent de lancer une marque plus abordable, Prise 2, mais face à la compétition féroce que leur livrent des marques ciblant le marché de masse local comme Jacob et Le Château, le duo se résigne à fermer l’entreprise en 1992. Lussier poursuit son aventure dans le domaine du design de restaurants, ouvrant le Saloon Bistro Bar au 1333, rue Sainte-Catherine Est et le Picolo Diavolo juste en face au 1336, rue Sainte-Catherine Est. Il a également réalisé le design des restaurants pour la chaîne Cosmos à Québec. Il se lance ensuite dans le courtage immobilier après avoir vendu ses restaurants. Lorsque Thibeault abandonne le domaine de la mode, il quitte Montréal pour s’établir en Thaïlande.

Sources

Lash Balfour, Rochelle. « In Montreal, Where to Find What’s Au Courant », The New York Times, 9 novembre 1986, p. 6.

Monahan, Iona. « Montrealers a Hit in New York with Men’s and Women’s Wear », The Gazette, 24 juillet 1984, p. F6.

Monahan, Iona. « Quebec Men Play Starring Role », The Montreal Gazette, 21 août 1984, p. C4.

Entrevue avec Daniel Lussier réalisée par l’autrice, Musée McCord Stewart, 6 décembre 2022. Enregistrement audio.

Date de publication

19/06/2023

© Musée McCord Stewart 2024