Eugenie Groh
Née à Chrast, actuelle République tchèque, 1919 – Décédée à Montréal, 2017
1950 - débuts des années 2000
Eugenie Groh, The Coach House: a background of feline-inity... a fashion foreground of feminity (detail), années 1960. Don de Catherine et John Tyhurst, M2017.114.183, Musée McCord Stewart
Eugenie Groh (née Juklicková) était une artiste commerciale et illustratrice de mode reconnue sur la scène internationale pour ses publicités imaginatives et innovatrices réalisées pour le grand magasin Eaton du centre-ville de Montréal du début des années 1950 au début des années 1970.
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Durant sa jeunesse dans ce qui est aujourd’hui la République tchèque, Groh avait prévu s’inscrire à l’Académie des beaux-arts de Prague, mais lorsque l’école a été fermée durant la Deuxième Guerre mondiale, elle s’est tournée vers l’illustration commerciale qu’elle a étudiée à l’École des arts graphiques Rotter.
Après ses études, elle a été embauchée en 1943 par le service artistique de Melantrich, une grande maison d’édition à Prague. Après la guerre, elle a travaillé comme rédactrice en chef, chroniqueuse et illustratrice pour Malé Mody, un magazine de mode féminin établi à Prague, fermé en 1948 avec l’arrivée au pouvoir du régime communiste. Groh, son mari Jaroslav et la sœur d’Eugenie se sont réfugiés au Canada peu de temps après, en 1949.
Quelques semaines après son arrivée à Montréal, Groh fut embauchée par Eaton pour illustrer des publicités pour le grand magasin. Mais elle fut déçue par le style conservateur des annonces publicitaires d’Eaton à cette époque. Vers 1952, travaillant en collaboration avec le directeur artistique Jack Parker et la jeune artiste pigiste Georgine Strathy, Groh a commencé à développer une nouvelle approche publicitaire, inspirée par le graphiste tchèque Alphonse Mucha, les styles Art déco et Art nouveau, l’expressionnisme abstrait, les gravures sur bois japonaises et les publicités graphiques du grand magasin Joseph Magnin de San Francisco.
Les annonces pleine page audacieuses, colorées et élégantes du trio étaient publiées en couleurs chaque semaine dans The Gazette.
Du milieu des années 1950 au début des années 1970, l’équipe a remporté plus de 80 prix internationaux et ils ont été les premiers Canadiens à recevoir le prix prestigieux du New York Art Director’s Show.
Selon Strathy, Groh était chic et sophistiquée, avec une flamboyante chevelure rousse et une tendance à appeler tout le monde « pussycat ».
Eaton a accordé une grande liberté de création à Groh pour ses publicités, tout en tirant profit de son sens inné de la mode. Alors que la plupart des illustrateurs n’avaient pas le choix des vêtements qu’ils devaient illustrer chaque semaine, Groh était libre de prendre la marchandise sur les étages du magasin qui l’inspirait, et ses choix ont souvent aidé la clientèle à prévoir les tendances de la mode. Travailleuse prolifique, elle a souvent accepté des contrats à la pige en plus de son emploi régulier et vouait une véritable passion à sa pratique artistique.
Après avoir travaillé pendant plus de 20 ans chez Eaton, Groh a été nommée coordonnatrice de la publicité de mode par le grand magasin, un poste qu’elle trouvait trop administratif et pas assez créatif.
Elle a quitté son emploi chez Eaton au début des années 1970, à peu près au même moment que la fermeture du service artistique.
Groh et son mari ont ensuite déménagé à Toronto où elle a fait de la pige pour Chatelaine et The Globe and Mail, entre autres, et enseigné à l’Ontario College of Art and Design. Lorsque le couple est revenu vivre à Montréal dans les années 1980, elle a continué à travailler à partir de son appartement à Westmount, insérant fréquemment ses chats adorés dans son art commercial, jusqu’à sa mort en 2017.
Sources
Katherine Bosnitch. « A Little on the Wild Side: Eaton’s Prestige Fashion Advertising Published in the Montreal Gazette, 1952-1972 », dans Alexandra Palmer (dir.), Fashion: A Canadian Perspective, Toronto, University of Toronto Press, 2004, p. 339-363.
Bradford Mackay. « Who needs aubergine? », The National Post, 6 novembre 2000, p. D6.
Patricia Welbourn. « Darleeng, you’re a poosycat! », The Vancouver Sun Weekend Magazine, 19 avril 1969, p. 98.
« Beauty Standards Change When Artist Arrives Here », The Gazette, 26 juin 1957, p. 9.
« Hard-Edge Abstractions », Print, 1er mai 1966, p. 53-54.
« Vivid drawings match Groh’s bubbly charm », The Toronto Star, 14 mai 1981, p. B9.
Entrevue avec Georgine Strathy réalisée par l’autrice. Conversation téléphonique enregistrée en juin 2018.
Date de publication
28/04/2023
Rédaction
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