Association des couturiers canadiens - EncycloModeQC - Musée McCord

Rechercher par mots-clés

Explorer par catégories

Association des couturiers canadiens

Organisation

1954 - 1968

Programme, L'Association des couturiers canadiens Inc. présente sa collection Automne-Hiver 67-68 (détail), 1967. Don de Serge Sénécal, M2014.64.1.1.46 © Musée McCord

Au printemps de 1954, une poignée de couturiers montréalais, Raoul-Jean Fouré, France Davies, Colpron-D’Anjou, Marie-France de Paris, Jacques Michel, le tandem Germaine et René, ainsi que Jacques de Montjoye se réunit pour fonder l’Association des couturiers canadiens. Si Montjoye se souvient d’avoir développé l’idée avec sa collègue et amie Marie-France de Paris, le magazine Style en attribuera plus tard la paternité à ses rédactrices en chef, Freda Garmaise et Kay Rex. Raoul-Jean Fouré, couturier à Montréal depuis un quart de siècle, représente un choix logique pour en être le premier président. Dans les mois suivant sa fondation, l’association recrute plusieurs membres à travers le Canada. Durant son existence, la majorité de ses membres sera constituée de créateurs montréalais, dont plusieurs d’origine européenne.

Le concept est inspiré du modèle européen de la Chambre Syndicale de la couture parisienne.

L’objectif des fondateurs est de se regrouper pour se donner les moyens de présenter des collections, d’obtenir le soutien des fabricants de tissus canadiens et de promouvoir une mode canadienne dans l’espoir d’élargir leurs marchés. On réussit à intéresser les gouvernements et les fabricants de tissus à la promotion d’une création canadienne. La participation des fabricants canadiens (notamment Du Pont et CIL) assure l’accès à d’importantes quantités de tissus qui, s’ils ne sont pas des matières luxueuses (on est en plein essor des nouvelles fibres synthétiques), posent de nouveaux défis aux créateurs. Les appuis financiers de diverses sources permettent également d’engager des dépenses pour la publicité, les relations publiques, les mannequins et la photographie. L’association, qui compte généralement entre 10 et 15 couturiers, organise deux défilés par an, où sont présentés environ six modèles de chacun de ses membres.

Programme, L’Association des couturiers canadiens Inc. présente sa collection Automne-Hiver 67-68, 1967. Don de Serge Sénécal, M2014.64.1.1.46 © Musée McCord

Le premier défilé de l’association est d’abord présenté au Ritz-Carlton à Montréal, les 23 et 24 septembre 1954, puis à Vancouver et à Ottawa. On y voit des collections de ses 12 membres montréalais.

Le 7 décembre de la même année, un défilé de 40 modèles est présenté à New York, à l’hôtel Pierre, ce qui vaut aux couturiers participants de faire parler d’eux dans les médias.

Le consul général du Canada agit comme commentateur, et attire l’attention sur les débouchés économiques en pleine croissance du Canada, dans lesquels il inclut la mode. Ce succès remporté à l’extérieur du Canada contribuera énormément à la notoriété de l’association au sein du pays.

La deuxième présentation, Panorama des modes et des tissus canadiens, a lieu du 21 au 23 avril 1955 à l’hôtel Mount Royal à Montréal, et met en vedette des tissus de producteurs canadiens. L’association compte maintenant 18 membres, dont 11 femmes. Encore une fois, le défilé a contribué à éveiller l’attention des médias locaux plutôt que d’ouvrir les marchés d’exportation.

Dans les années qui suivent, les couturiers continuent de présenter des défilés collectifs, mais un sentiment de frustration commence à naître chez certains. Comme l’adhésion à l’association se fait sur invitation, sans être régie par des règles strictes comme à la Chambre Syndicale, la qualité des vêtements présentés dans les défilés n’est pas constante, ce que la presse ne manque pas de remarquer. Cependant, la plupart des couturiers ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour présenter des défilés individuels, et ils se doivent de répondre aux besoins de leurs propres clientèles. Ils constatent que la publicité commune ne les aide pas à développer leur entreprise privée, et qu’elle profite davantage aux fabricants de tissus canadiens dont ils contribuent à promouvoir les produits. Leurs défilés collectifs s’adressent en fait à un public nettement moins sélect que leur clientèle privée, comme en témoigne la qualité des tissus, de beaucoup inférieure à celle des tissus de luxe privilégiés en couture.

Marie-Paule Nolin remplace Raoul-Jean Fouré à la présidence en 1956. Fouré reprend le poste en 1958. Au milieu des années 1960, l’intérêt des médias envers le groupe a beaucoup diminué. L’un de ses derniers défilés a lieu le 5 juin à Expo 67. Il sera présenté à Chicago deux semaines plus tard. L’association sera dissoute en 1968.

C’est dans son rôle d’ambassadrice du Canada et en soutenant l’idée d’une mode authentiquement canadienne que l’Association des couturiers canadiens a apporté sa plus grande contribution. Les programmes des défilés de mode et autres documents d’archives ayant trait à l’association sont conservés dans les fonds des designers France Davies, Marie-Paule Nolin, Serge & Réal et Jacques de Montjoye au Musée McCord.

Sources

Bieler, Zoe. «Canadian Fashions Win Plaudits in N.Y.», Montreal Star, 8 décembre 1954, p. 26.

Palmer, Alexandra. « The Association of Canadian Couturiers », Fashion : A Canadian Perspective, UTP, 2005, 90-109.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Dicomode

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

© Musée McCord Stewart 2024