Habit (détail), Marielle Fleury, 1966. Don de Marielle Fleury Boutique Inc., M972.104.4.1-2, Musée McCord Stewart
Après quatre ans d’études à l’École des beaux-arts de Montréal, elle acquiert sa formation en couture de 1950 à 1951, à l’École des métiers commerciaux de Montréal. En 1952, elle fait un saut chez Angelina di Bello, célèbre pour ses robes de mariée. Elle y travaille principalement aux toiles et aux essayages.
Dès 1953, alors âgée de 24 ans, elle ouvre un atelier de couture chez ses parents dans le but de se faire connaître et de s’attirer une clientèle.
Elle installe plus tard son atelier sur la rue Saint-Denis, puis sur la rue Sherbrooke. Parmi ses principales clientes d’alors, on dénombre plusieurs personnalités de la télévision dont Gisèle Schmidt, Yvette Brind’Amour, Michèle Tisseyre et Denise Saint-Pierre, l’épouse du maire de Montréal, Marie-Claire Boucher Drapeau, ainsi que des artistes visuelles comme Madeleine Arbour et Marcelle Ferron. Elle participera également à des manifestations théâtrales pour Marcel Dubé, le Théâtre du Nouveau Monde et le Théâtre du Rideau Vert.
En 1958, un événement marque profondément son parcours : elle participe au Salon de l’agriculture, à Montréal, où elle présente des vêtements faits d’« étoffes du pays » produites par des « fermières » de plusieurs régions. Ces lins grossiers et ces catalognes rigides inspirent la jeune designer et lui donnent envie de pousser plus loin l’expérience. Au même moment, se joue au Québec une prise de conscience collective.
À la faveur de ce mouvement, la créatrice prend goût à travailler les matières brutes, représentatives du patrimoine culturel et social.
Elle associe à son travail un tisserand de renom, Lucien Desmarais, spécialisé dans la décoration intérieure. Le tisserand de Saint-Césaire, qui produisait jusque-là surtout des couvre-lits, des carpettes et des rideaux, joint son art à la créativité toujours en effervescence de Marielle Fleury. En 1960, elle lance une collection couture entièrement conçue dans des tissus faits main de Lucien Desmarais, Véronique Arsenault et Édith Martin. Elle privilégie le travail d’équipe, invite des artistes à participer à ses créations, par exemple pour colorer les tissus ou même ses vêtements cousus, comme dans les projets réalisés en collaboration avec Jean-Paul Mousseau et avec Mario Mérola. Elle fait façonner des boutons de bois, d’agate ou d’émail. Elle travaille aussi avec Thérèse Guité et avec Gail Lamarche à produire des soies imprimées et des batiks.
MODE EXPO 67 • Marielle Fleury
Marielle Fleury, entrevue réalisée dans le cadre de l'exposition Mode Expo 67, février 2017, Musée McCord Stewart
Cette identité forte d’association avec des artistes demeurera une constante de sa production tout au long des années 1960.
Son style se définit par des vêtements épurés, raffinés, d’une coupe simple qui laisse place à la texture plutôt qu’à la raideur et à l’aspect non fini que peuvent parfois conférer les armures textiles artisanales. Sa méthode s’apparente à la haute couture.
Entre 1960 et 1967, elle présente deux collections par année à l’hôtel Ritz-Carlton. En 1962, Marielle Fleury ouvre une boutique sur la rue Crescent (qui deviendra l’artère mode du centre-ville de Montréal), en face du salon de Mario Di Nardo et non loin de la joaillerie de Maurice Brault. Tout en continuant de tenir sa boutique, elle dessine des modèles originaux pour une collection commandée par le manufacturier Irving Samuel en 1965. Elle affirme son style, proposant des tweeds, des matières épaisses et texturées, qu’elle affectionne toujours. En 1966, grâce à cette collection, elle est consacrée meilleure dessinatrice de mode du pays par l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames.
En juin de la même année, alors qu’elle est dans la trentaine, le ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec accepte d’organiser une mission en Europe qu’elle leur avait proposée quelques années auparavant. La tournée, intitulée « La mode québécoise en voyage », sert de prétexte pour publiciser l’Exposition internationale et universelle de 1967 à Montréal.
Elle et Michel Robichaud présentent chacun une collection de tenues de voyage composée de neuf modèles à Milan, à Londres, à Bruxelles et à Paris, exportant ainsi la signature mode du Québec, et suscitant la fierté dans leurs milieux locaux.
Marielle Fleury est par la suite sollicitée pour créer un uniforme pour les hôtesses du pavillon des provinces de l’Atlantique à Expo 67.
En 1968, Marielle Fleury ferme sa boutique. En 1969, la firme Sport Togs, dirigée par Lou Ritchie, l’embauche. Elle travaillera pendant 13 ans chez ce fabricant dont les ateliers produiront des milliers de manteaux sport et d’imperméables portant la marque Rainmaster par Marielle Fleury. C’est ainsi qu’elle deviendra connue comme créatrice de manteaux.
En tant que membre de l’Association des dessinateurs de mode du Canada, elle est présente dans les années 1970 dans les défilés de Montréal et de Toronto, aux côtés des autres créateurs connus du Québec et du Canada.De 1983 à 1987, pour Utex Corporation, la designer conçoit à nouveau des manteaux, puis, pour Progress, des paletots et des imperméables. Forte de son expérience du milieu et des preuves de son talent dans l’industrie de la mode, elle devient, en 1990, responsable des projets et de la qualité technique au sein du programme en dessin de mode du Collège LaSalle.
Pendant toute la décennie 1990 et jusqu’à sa retraite en 2000, elle aura consacré son attention et son talent à la formation de la relève québécoise en création de mode. Récompense pour une carrière exceptionnelle de 47 années dans la mode, elle est décorée de l’Ordre du Canada en 2001.
Son fonds d’archives se trouve au Musée de la civilisation.
Sources
Dumont, Monique. « La révolution tranquille de la mode » (Marielle Fleury et Michel Robichaud), Elle Québec, no 34, juin 1992, p. 56-58.
Monahan, Iona. « Fleury a good fit for Order », The Gazette, 29 mai 2001, p. F3.
Lambert, Eleanor. « Marielle Fleury », dans World Fashion : people, places, resources, New York, R. R. Bowker, 1976, p. 189.
Lavigne, Lucie. « Hommage. Marielle Fleury », Créateurs québécois, édité par l’APDMQ, supplément gratuit de Clin d’œil, no 166, et de Flare, vol. 15, no 16, avril. 1994, 15b.
Date de publication
01/10/2004
Rédaction
Dicomode
Révision
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