Lunettes ayant appartenu à Iona Monahan, Cutler and Gross, fin du 20e sièclee. Don de H. I. Waxman, M2007.153.1, Musée McCord Stewart
Figure de proue de la chronique de mode à Montréal, Iona Monahan jouit d’une crédibilité inégalée, et l’ensemble de sa carrière constitue une contribution remarquable au milieu de la mode, tant au Canada qu’à l’étranger.
Iona a grandi dans le quartier à Pointe-Saint-Charles à Montréal. À 17 ans, elle décroche un emploi de « préposée aux colis » au grand magasin Eaton. Elle fait son entrée dans le monde de la mode vers 1947. Secrétaire-réceptionniste-mannequin au studio de photographie Arnott, Rogers & Sauer, la jeune femme entre ce milieu alors que s’épanouit la mode de l’après-guerre. Elle est progressivement amenée à participer au montage et à la réalisation des séances de pose pour les clients du studio, très actif dans le domaine de la mode. Dans les années 1950, elle travaille comme pigiste pour des agences de promotion et de publicité comme Garber Cossman. À titre de publicitaire, elle réalise des campagnes de publicité et de promotion, notamment pour les industries du textile, de la fourrure et de la chaussure.
Elle est une des rares, dans le milieu publicitaire de l’époque, à faire valoir auprès de ses clients l’importance de publier des communiqués en français.
Toujours au cours des années 1950, elle commence à travailler comme directrice artistique, puis comme rédactrice mode, avec le photographe Sam Getz qui exploite un studio de photographie à Montréal. En collaboration avec ce dernier, photographe au magazine Mayfair, Iona Monahan coréalise l’un des plus mémorables reportages jamais produits sur la mode canadienne. Pendant quatre semaines en 1958, le tandem fait escale à Londres, Paris, Calcutta, Bangkok, Athènes, Milan, Dublin, Tokyo et Hong Kong, avec dans ses bagages des vêtements de confection canadienne.
Le reportage qui en résulte, Canadian Fashion at Home Everywhere In the World, publié dans quatre numéros du mensuel Mayfair en 1959, fait date dans l’histoire des magazines de mode au Canada.
Des années 1950 aux années 1970, Iona Monahan collabore à de nombreux magazines de langue anglaise. Outre son apport au magazine Mayfair à titre de responsable de la section mode, elle est rédactrice en chef pour Élan et journaliste aux magazines The Montrealer et Fashion. Elle collabore à la réalisation de reportages mode – parmi les premiers – pour l’émission Living, produite à Toronto pour le réseau anglais de la télévision de Radio-Canada (CBC). Elle participe également au segment mode de l’émission télévisée Seven O’Clock Show, réalisée à Montréal pour la CBC. De 1967 à 1977, elle est journaliste au quotidien The Montreal Star. Enfin, en 1978, elle est engagée comme journaliste au quotidien montréalais The Gazette, où elle demeure jusqu’à sa retraite en 2002.
En plus de témoigner, par ses écrits, de la vitalité de l’industrie de la mode québécoise, canadienne et internationale, Iona Monahan est également productrice et conceptrice de nombreux défilés de mode, à Montréal et ailleurs dans le monde, principalement dans les années 1960. À ce titre, sa créativité et son professionnalisme sont unanimement reconnus. Elle conçoit des défilés pour les magasins Holt Renfrew et Lily Simon, de même que pour de nombreux détaillants dans les secteurs de la fourrure, de la chaussure et de la chapellerie.
En 1967, elle produit Le grand boum de la mode canadienne, un défilé présenté chaque semaine au pavillon du Canada durant Expo 67.
Des associations de mode (Conseil canadien de la fourrure, Association des couturiers canadiens, The Montreal Dress Manufacturers Guild, Montréal Mode, Fashion Group) ont recours à ses services tout au long de sa carrière. Plusieurs fois par an, elle se rend en Europe afin d’assister aux plus grands défilés qui y sont produits, de même qu’elle suit de près les activités des professionnels de la mode au Québec et au Canada.
Son apport à l’industrie de la mode est reconnu à l’échelle nationale alors qu’elle est décorée de l’Ordre du Canada, en 1985, récompense qu’elle reçoit des mains de la gouverneure générale Jeanne Sauvé.
À la fin des années 1970, l’organisme Fashion Canada lui décerne le titre de Femme de l’année, puis elle accède au titre de Grande Montréalaise en 1978. En 1997, le Fashion Group de Montréal lui rend hommage, reconnaissant une contribution de 50 ans à l’industrie de la mode. Depuis son arrivée au quotidien The Gazette en 1978 jusqu’à sa retraite en 2002, Iona Monahan s’est employée à mettre en valeur la création, qu’elle soit de Montréal, de Paris, de New York, de Londres ou de Milan.
Reconnaissable à son look signature – de grosses lunettes noires et une garde-robe noire classique –, Monhahan laisse le souvenir d’une travailleuse infatigable, d’une perfectionniste intransigeante qui portait une attention méticuleuse aux détails et qui avait un œil sûr pour ce qui était chic – et ce qui ne l’était pas.
Si elle inspirait parfois une certaine crainte chez les mannequins et les designers, conscients qu’elle pouvait faire ou briser une réputation, elle savait toutefois mettre de l’avant le talent des plus importants d’entre eux. Son soutien à John Warden et à Jean-Claude Poitras, entre autres, a eu un effet très positif sur leurs carrières.
Tout compte fait, la pertinence de ses écrits aura compté parmi les facteurs incitant de nombreux designers, manufacturiers et institutions d’ici à rehausser sans cesse leurs normes de qualité.
Aujourd’hui, la place Iona-Monahan, située dans le quartier de la mode à l’angle de la rue Chabanel et de l’avenue de l’Esplanade à Montréal, rend hommage à la remarquable contribution de Monahan à la ville. Les archives de Monahan sont conservées à Bibliothèque et Archives Canada.
Sources
M.J. Stone, « Iona Monahan, Fashion Writer, 1923-2006. » The Globe and Mail, The Globe and Mail Inc., 17 avril 2006, p. S9.
Cornacchia, Cheryl. « Arbiter of style Monahan moves on », The Gazette, Postmedia Network, 9 avril 2002, p. F1, F2.
Date de publication
01/10/2004
Rédaction
Dicomode
Révision
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