Robe de mariée (détail), Raoul-Jean Fouré, 1939. Don de Jean Saint-Cyr, M993.80.1.1-3 © Musée McCord
Il quitte sa Bretagne natale pour s’installer à Paris au début des années 1920. Il dessine d’abord des chaussures pour Sacha Guitry, Mistinguett et les Dolly Sisters puis travaille dans la maison de couture de France Vramant, place Vendôme. Il côtoie les grands de la mode et assiste aux soirées fastueuses données par Paul Poiret. Il s’installe à Montréal en 1927 et ouvre un premier salon de couture sur la rue University, près de Sherbrooke.
Formé à l’école parisienne, il dessine et coupe lui-même ses vêtements, travaillant beaucoup avec la méthode du moulage sur mannequin.
Maîtrisant les techniques du métier et pouvant travailler autant les soies que les lainages, il est en mesure de créer des collections permettant d’habiller les clientes les plus exigeantes.
Il offre bientôt à sa clientèle un service tout à fait original. Il propose de confectionner un ensemble de tenues de mariage, c’est-à-dire non seulement la robe de mariée, mais aussi le costume pour le voyage de noces, les robes pour les demoiselles d’honneur et les dames d’honneur, de même que les vêtements pour la mère de la mariée. Taillés dans des tissus luxueux et confectionnés avec soin, ces ensembles assurent sa notoriété.
Le couturier cherche toutefois à élargir son champ de compétences et à créer des vêtements pour d’autres occasions. Les moyens de publicité au début des années 1930 étant limités et peu accessibles, il doit compter sur ses propres ressources. Il crée des vêtements pour sa femme, Marguerite Mount (1903–1954), qui porte exclusivement ses créations. Muse, inspiratrice et ambassadrice de sa griffe, elle est son meilleur modèle et sa meilleure représentante. Les clientes affluent, la maison s’agrandit et Raoul-Jean Fouré fournit bientôt du travail à 25 couturières.
En 1937, il déménage son salon sur la rue Crescent où il se maintient au faîte de sa gloire durant les 20 années suivantes.
En plus de répondre à ses nombreuses clientes, il crée des costumes que l’on retrouve sur toutes les scènes montréalaises, autant à la Comédie Française qu’au Théâtre Saint-Denis.
Il participe à plusieurs événements dont le plus important pour les créateurs de mode est sans contredit le défilé annuel organisé par la Ligue de la Jeunesse Féminine. Très couru, ce défilé collectif est un excellent moyen de promotion.
Au même moment où Christian Dior lance le New Look en 1947, Raoul-Jean Fouré présente sa première collection dans son salon, demandant à ses clientes d’être ses modèles pour l’occasion. Mise en scène d’une collection extravagante et dispendieuse, cette initiative n’a pas le succès escompté. Mais le couturier n’est pas le genre de personne à abandonner un projet sans en avoir exploré toutes les facettes. Les saisons suivantes, il présente des collections thématiques, sans toutefois obtenir plus de succès. Les clientes acceptent mal qu’un même modèle puisse être reproduit et acheté par d’autres personnes. La clientèle exige l’exclusivité du tissu et du modèle, et le couturier doit se conformer à la demande.
Au cours des années 1950, Raoul-Jean Fouré se lance dans une ambitieuse aventure : celle de la promotion de la mode canadienne et de la reconnaissance de ses auteurs. Il participe, en tant que représentant canadien, à un événement mode à Atlantic City, aux côtés des Dior, Balenciaga, Patou et Givenchy. Il s’associe non seulement avec d’autres couturiers, mais avec des manufacturiers de tissus, afin de faire connaître et reconnaître ce qui se fait chez nous.
Il devient en 1954 le premier président de l’Association des couturiers canadiens, poste qu’il occupera également dans les dernières années de cette organisation qui ferme ses portes en 1968.
En 1955, il entreprend une collaboration avec Jacques de Montjoye qui durera sept ans. Avec ses talents de dessinateur et sa formation à l’École de la Chambre Syndicale de la couture parisienne, De Montjoye lui apporte des connaissances techniques complémentaires au moulage, sa méthode préférée.
Toujours à l’affût des bonnes occasions de promouvoir ses créations, le couturier associe la présentation de ses somptueuses robes du soir au lancement de nouvelles voitures. Autre innovation, en 1960 il s’associe à un manufacturier de fourrure. Ses créations, mélange de tricot et de fourrure, sont très avant-gardistes pour l’époque.
En 1969, il se retire à San Diego et revient à Montréal quelques années avant la fin de sa vie. Sa carrière, des plus prestigieuses, trace le chemin pour plusieurs générations d’autres créateurs.
Sources
Dumont, Monique. « Raoul-Jean Fouré, le premier couturier du Québec », Elle Québec, no 21, 1991, p. 50-54.
Date de publication
01/10/2004
Rédaction
Françoise Dulac, Dicomode
Révision
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