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Léo Chevalier

Né à Montréal, 1934 - Décédé à Montréal, 2000

Création

Milieu années 1960 - 1990

Robe (détail), Leo Chevalier, fin des années 1960. Don de Katherine Cleaver, M2014.111.73 © Musée McCord

Formé aux beaux-arts et diplômé en couture de l’École des métiers commerciaux de Montréal, Leo Chevalier débute dans les années 1960 en occupant divers emplois dans la vente au détail. Il est notamment étalagiste chez Morgan et chez Simpson, puis directeur-acheteur chez Fraid. Au cours de la même période, il crée des costumes pour Les Ballets-Théâtre de Montréal. Recruté par madame De Saint-Victor, qui tient une boutique d’importations rue Sherbrooke, il crée des robes du soir sur mesure qui ont l’heur de plaire à une clientèle sélect.

En 1966, résolu à faire cavalier seul, il ouvre le salon Cheval… dans une ancienne écurie.

C’est dans cette petite boutique de la rue Saint-Mathieu qu’il dévoile sa première collection de haute couture et de prêt-à-porter de luxe.

De 1969 à 1971, Leo Chevalier tente d’établir à Montréal une véritable maison de haute couture calquée sur la tradition parisienne. L’entreprise est audacieuse mais elle sera emportée, malgré la forte personnalité du créateur, par l’irrésistible vague de fond du prêt-à-porter. Dès lors Chevalier change de stratégie et révèle un remarquable sens des affaires.

Mariant son talent à la capacité de production de manufacturiers reconnus, il conclut avec ces derniers des associations durables qui lui assurent une grande visibilité et une large diffusion de ses créations.

Avec le manufacturier montréalais Montroy Coat, l’association dure une dizaine d’années, tandis qu’avec la compagnie canadienne Brodkin Brothers, l’aventure se prolonge pendant 13 ans. Ses créations pour Fourrures naturelles sont admirées à travers le monde, sans compter les nombreux uniformes qui contribuent à sa renommée, dont ceux d’Air Canada pendant 19 ans.

Au sommet de sa carrière, en 1979, il lance son parfum. Homme de style, Leo Chevalier marque de son élégance tout ce qu’il touche. En 1985 et 1986, il signe dans le quotidien montréalais The Gazette une chronique intitulée « Man of Style ». Affecté par la maladie d’Alzheimer dès la fin des années 1980, il produit néanmoins une dernière collection en 1990, pour la compagnie Aljean de Vancouver.

En 1980, ayant candidement confié à une journaliste qu’à l’âge de cinq ans il avait voulu devenir cardinal « à cause du beau manteau rouge », il est sacré pape de la mode au Canada dans le magazine L’Actualité.  Admiré pour son élégance et son raffinement, Leo Chevalier entretient un conservatisme qui contribue à son image de marque.

Grand admirateur de son homologue Yves Saint Laurent, de deux ans son cadet, il considère vulgaires des innovations comme la minijupe et les hot pants.

Robe, Leo Chevalier, fin des années 1960. Don de Katherine Cleaver, M2014.111.73 © Musée McCord

Intégrant avec une intelligence raffinée ses formations en beaux-arts et en couture, il travaille en architecte, prévoyant tous les détails de la construction de ses vêtements biens structurés, dans des matières qui favorisent la définition des volumes.

Avec les Marielle Fleury, Michel Robichaud et John Warden, il est l’ardent défenseur d’une véritable alliance entre les manufacturiers et les créateurs de mode du Québec.

Convaincu que la réunion des créateurs de mode dans une association officielle serait un atout pour la mode canadienne, il participe activement à la fondation de l’Association des dessinateurs de mode du Canada (Fashion Designers Association of Canada) en 1974.

Il reçoit de nombreuses distinctions prestigieuses tout au long de sa carrière : le titre de dessinateur de l’année lui est décerné par l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames en 1968. Il reçoit aussi l’Ordre du Canada en 1979, décerné pour la première fois à un couturier, et une Griffe d’Or hommage pour ses 25 ans de carrière en 1992.

Leo Chevalier demeure un modèle pour nombre de créateurs, parmi lesquels Michel Desjardins, qui fut un de ses proches collaborateurs au début des années 1980. À la mort du mentor, survenue le 16 juin 2000, le Globe and Mail et le National Post de Toronto saluent en Léo Chevalier un homme au style légendaire qui figure parmi les grands de l’histoire de la mode au Canada.

Sources

Amiel, Barbara. « The sweet smell of decadence », Maclean’s Magazine, 22 octobre 1979, p. 46-48.

Demers, Dominique. « Une réussite signée Léo Chevalier », L’Actualité, vol. 5, no 7, juillet 1980, p. 46-50, 56.

Dumont, Monique. « John Warden et Léo Chevalier. L’aventure couture », Elle Québec, no 35, juillet 1992, p. 52-54.

Lambert, Eleanor. « Léo Chevalier », dans World Fashion : people, places, resources, New York, R. R. Bowker, 1976, p. 188.

Lavigne, Lucie. « Hommage. Léo Chevalier. », Créateurs québécois, édité par l’APDMQ, supplément gratuit de Clin d’œil, no 166, et de Flare, vol. 15, no 16, avril 1994, 15c.

Livingstone, David. « Reinventing the classics. The shrewd approach has made Leo Chevalier Canada’s most renowned designer », Toronto Life Fashion, été 1980, p. 23-25, 56-58, 60, 62.

National Post, « Leo Chevalier. Canadian Fashion Designer a Man of Style », 21 juin 2000, p. A16.

The Globe and Mail, « Leo Chevalier. Montreal Designer possessed a legendary sense of style », 19 juin 2000, p. R8.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Dicomode

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

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