Angelina Di Bello

Née de parents italiens venus à Montréal avec la vague d’immigration du début du 20^e siècle, Angelina est initiée très jeune à la couture par sa mère qui fut elle-même couturière en Italie. Elle reçoit à Montréal sa première formation avec Alice Poirier et avec Albina Matteini, puis elle fréquente les cours de la Société des Ouvrières Catholiques qui lui valent en 1938 un certificat de coupe et de couture du Département de l’Instruction publique de la province de Québec. Tout au long de sa carrière, elle continuera d’enrichir ses connaissances, suivant notamment les cours spécialisés de la National School of Design de Chicago (1947) et de l’Institut Secoli à Milan (1974).

Un premier emploi lui est offert en 1936 chez Ida Desmarais, prestigieuse maison de couture montréalaise qui emploie alors 42 ouvrières. Après la guerre, en 1946, Angelina Ravenda épouse Luigi di Bello et ouvre son propre salon de haute couture sur la rue Peel.

La clientèle s’élargit rapidement et, tout en formant les ouvrières qu’elle prend à son service (elle en aura jusqu’à 26), Angelina se découvre une grande facilité à transmettre ses connaissances.

Son projet d’enseignement mûrit plusieurs années et c’est en 1961 qu’elle établit officiellement son école de coupe et de couture au 1441, rue Crescent.

Ensemble à fabrication de patrons, Angelina di Bello, vers 1972-1973. Don de la succession de Rita Raynault, M2017.82.11.1-16 © Musée McCord

Grâce à l’immense popularité de ses cours, elle se voit proposer en 1964, par le service anglais de Radio-Canada, de tenir à la télévision une chronique hebdomadaire de 10 minutes sur les techniques de la couture. Ce sera le début d’une singulière carrière médiatique. Pendant plus de 30 ans, elle dévoilera à la télévision ses mille et une astuces, diffusant son savoir aux téléspectatrices nord-américaines. Après ses chroniques dans le cadre des émissions Calendar et Doyle’s Diary à Radio-Canada, elle est recrutée en 1968 par Télé-Métropole, où elle sera l’hôte de plusieurs émissions hebdomadaires jusqu’en 1979. Pour les chaînes CFCM-TV de Québec et CHLT-TV de Sherbrooke, elle anime en 1970 l’émission Doigts de fée, une émission d’une demi-heure diffusée cinq jours par semaine. La série sera diffusée quatre années consécutives. Ses émissions de Fil en aiguille figurent dans la programmation de TV Ontario de 1976 à 1997 et sont diffusées par plusieurs autres chaînes au Canada et aux États-Unis.

De 1982 à 1985, elle est l’auteure d’une chronique couture dans le Journal de Montréal. Pour appuyer son enseignement et son activité de vulgarisation, Angelina di Bello conçoit des manuels pratiques.

Publié à compte d’auteur en 1970, Angelina di Bello haute couture est vendu à 20 000 exemplaires en quelques mois et sera approuvé par le ministère de l’Éducation du Québec en 1972.

Les distributeurs canadiens de tissus célèbrent la qualité de ses réalisations en lui décernant le Dé d’Or (Golden Thimble Award) en 1973. Des créateurs qui se feront par la suite un renom, comme Marielle Fleury et Giovanni d’Amico, travaillent un temps pour Angelina di Bello ou fréquentent ses cours.

Mais ce sont d’ores et déjà des dizaines de milliers de femmes qui doivent à Angelina di Bello de leur avoir révélé les techniques et le plaisir de la couture.