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Thomas D’Auria

Né en Pennsylvanie, 1948

Création

1970 - 2017

Pantalons (détail), Tom D'Auria, vers 1972. Don de Tom D'Auria, M972.102.2 © Musée McCord

Thomas D’Auria arrive à Montréal en 1970 après avoir obtenu son diplôme en design de mode du Fashion Institute of Technology de New York et avoir travaillé pendant quatre ans comme assistant pour différents ateliers de design de la Seventh Avenue, dont ceux de Pauline Trigère et de Geoffrey Beene.

D’Auria décroche son premier emploi à Montréal chez Tam O’Shanter, un fabricant de vêtements pour enfant situé au 9250, avenue du Parc. En 1971, The Factory l’embauche pour lancer une gamme de vêtements sport sous l’étiquette Tom for The Factory. La presse décrit la collection comme « une ligne pour les jeunes élégants qui aiment et désirent se faire remarquer, mais sans extravagance », et « l’une des sources de prêt-à-porter les plus branchées de Montréal », soulignant les formes classiques du designer inspirées des années 1950 et son utilisation ludique de la couleur. En 1972, sa collection est présentée dans le cadre de Montréal Mode, première édition d’une série de défilés annuels auxquels sont conviés une centaine d’acheteurs et de représentants des médias d’Amérique du Nord.

Alors qu’il commence à se faire un nom dans l’industrie de la mode montréalaise, D’Auria est embauché comme pigiste par d’autres fabricants de Montréal, dont Patricia Silkwear, Celanese et Modes Bilboquet. Il lui arrive souvent d’avoir à faire la navette entre les fournisseurs et les fabriques du boulevard Saint-Laurent et du secteur Chabanel, le quartier de la mode.

À cette époque, D’Auria fait partie d’une cohorte de jeunes designers dynamiques de Montréal, incluant Leo Chevalier et Michel Robichaud, qui se mobilisent pour créer l’Association des dessinateurs de mode du Canada, dont l’objectif est de promouvoir la mode canadienne au pays comme à l’étranger, de maintenir des normes de qualité élevées dans l’industrie et de favoriser l’épanouissement des jeunes talents. Fondée en 1974, l’Association regroupe des designers de Montréal, de Toronto et de Vancouver, qui y adhèrent sous l’invitation de membres existants. D’Auria est convaincu que le groupe a le potentiel d’obtenir une reconnaissance internationale et de protéger les créateurs de l’exploitation.

Tout au long des années 1970, D’Auria participe à plusieurs événements organisés par l’Association, comme le Canadian Designer Showcase, un défilé présenté dans 19 villes au printemps 1976, où il dévoile des créations conçues pour Bilboquet et de la lingerie pour Patricia Silkwear. Le premier gala de l’Association a lieu en 1977 à l’hôtel Quatre Saisons avec un défilé de mode pour homme, femme et enfant.

Tom D’Auria s’y distingue en présentant une robe blouson à dos nu, décrite comme « la chose la plus sexy à défiler sur la passerelle ».

D’Auria quitte Montréal pour Toronto en 1978, ayant accepté un poste chez Mr. Leonard, un important fabricant de vêtements sport. Mr. Leonard produit ensuite la première ligne de vêtements sport éponyme de D’Auria. C’est là que le designer commence à privilégier la durabilité et l’adaptabilité, des concepts auxquels il restera fidèle durant toute sa carrière, dessinant des tenues qui pouvaient avoir un style sport le jour et habillé le soir. Les vêtements sont vendus chez Eaton, Simpson, Holt Renfrew et les boutiques Your Choice d’un bout à l’autre du Canada. Lorsque Mr. Leonard cesse de produire la ligne au début de 1983, D’Auria s’associe au fabricant D&S Dressworks pour lancer une ligne indépendante sous son propre nom, dont la première édition consiste en des robes classiques une ou deux pièces taillées dans des tissus comme de la faille ou du velours, conçues pour le marché en pleine croissance des femmes professionnelles. Il garde le cap sur la valeur, maintenant les prix relativement bas et l’utilité élevée, tout en mettant l’accent sur la transition entre le bureau et la sortie en soirée.

Pantalons (détail), Tom D’Auria, vers 1972. Don de Tom D’Auria, M972.102.2 © Musée McCord

Son entreprise prend de l’expansion tout au long des années 1980, et en 1987, il est déjà présent sur les marchés américains et britanniques où ses créations sont vendues chez Macy’s, I. Magnin, Casual Corner et Harrods. D’Auria continue de participer à de nombreux événements et activités de diffusion conçues pour accroître la visibilité de l’industrie canadienne de la mode, comme le défilé de mode itinérant Special Moments au milieu des années 1980 et le Festival of Canadian Fashion en 1988. Au milieu des années 1980, il dessinera même pendant trois années consécutives la robe de Miss Canada au concours de beauté de Miss Univers.

En septembre 1987, ses créations sont présentées dans un supplément de 12 pages publié dans Vogue et Women’s Wear Daily intitulé « Canadian Chic » et commandité par Mode du Canada, un programme du gouvernement fédéral administré par Affaires étrangères, auquel participent également quatre gouvernements provinciaux.

En 1989, à la suite de difficultés rencontrées par son entreprise et le marché canadien du vêtement en général, D’Auria cesse ses activités et retourne vivre avec sa famille aux États-Unis, où il dessine de la lingerie pour August Silk avant d’accepter un poste de directeur du design chez Jones New York où il restera pendant neuf ans. Peu après, il commence à travailler pour Nygard International, une société canadienne exerçant ses activités depuis New York. Il sera le directeur du design de la ligne haut de gamme de Nygard pendant 19 ans. Depuis qu’il a pris sa retraite en 2017, il donne à l’occasion des conférences dans des écoles de mode et travaille comme consultant dans l’industrie de la mode.

Sources

“Canadian designer creations coming,” Ottawa Citizen, 5 Septembre 1985.

Carter, Joyce, “Cities to see spectrum of top designers’ work,” The Globe and Mail, The Globe and Mail Inc., 2 avril 1976.

Carter, Joyce. “Waists Wander for a New Viewpoint,” The Globe and Mail, The Globe and Mail Inc., 30 juin 1987.

D’Auria, Thomas. Interview, 16 janvier 2019.

Dollery, Eveleen. “Canadian designers make it on the international scene,” Chatelaine, Les Éditions Rogers limitée, septembre 1972.

Gall, Nancy. “Evening wear designer shows work in Toronto,” Ottawa Citizen, 23 avril 1987.

Hess, Jane. “Designer launches label with classy fall line,” Toronto Star, Torstar, 28 mai 1981.

Ludlum, Judy, “Uniontown Talent Shines Bright in Montreal Mode,” Pittsburgh Post, Block Communications, 6 juillet 1972, p. 10.

Morra, Bernadette. “D’Auria’s dresses offer fashion savvy,” Toronto Star, Torstar, 6 août 1987.

Rider, Wini. “Design group to boost fashion status,” The Gazette, Postmedia Network, 15 mai 1974.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Dicomode

Révision

Laura Snelgrove, Collaboratrice

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

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