En 1938, Françoise Bernier, fraîchement diplômée de l’École normale, nourrit un projet audacieux pour l’époque : vêtir les femmes de la ville de Québec de créations originales. Engagée au salon de couture de Jeanne Rancourt à la Haute-Ville, elle réalise sa première robe de mariée. La même année, elle s’inscrit à l’école de coupe et couture Cotnoir Capponi à Montréal.
Pendant deux ans, elle y apprend de façon intensive le dessin, les patrons et la coupe, et fait la connaissance de personnes dont le talent fut par la suite reconnu, tel le couturier Arnold Scaasi, qui fit carrière à New York.
Déclinant les offres de carrière qui lui sont faites à Montréal, elle revient à Québec et installe un atelier de couture dans la résidence familiale, alors située dans le quartier Limoilou.
En cette période des années 1940, où la mode s’impose malgré les injonctions restrictives des gouvernements, elle s’attache une clientèle importante. En mai 1944, Jean Fortin, reconnu comme chef de file de la mode à Québec, l’invite à travailler à son atelier de la rue de l’Église à la Basse-Ville. Forte de sa réputation, Françoise Bernier souhaite alors posséder son propre atelier de création de mode. Bientôt menacé de perdre sa collaboratrice, Jean Fortin accepte donc que celle-ci crée sous sa propre griffe. Ainsi, elle loue chez Jean Fortin, à partir de 1950, l’espace qu’elle occupe déjà, et signe désormais ses propres créations jusqu’à la fermeture du Salon Jean Fortin en 1970. À partir de ce moment, elle poursuit sa carrière dans l’atelier aménagé dans sa résidence privée de la Haute-Ville.
En 2004, elle servait encore sa clientèle, fidèle d’une génération à l’autre depuis ses débuts, notamment dans la confection de robes de mariée originales.
Date de publication
01/10/2004
Rédaction
Christiane Noël, Dicomode